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Au club du mentorat, un jeune DRH originaire de Dreux se confie : « Je n’ai jamais rien réussi du premier coup, j’ai toujours dû lutter »

Au club du mentorat, un jeune DRH originaire de Dreux se confie : "Je n'ai jamais rien réussi du premier coup, j'ai toujours dû lutter"

Le club du mentorat vise à permettre à de jeunes diplômés de se faire un réseau grâce à des rencontres informelles avec des chefs d’entreprise du Drouais. Cette fois-ci, Hatim El Asslouj, DRH d’un grand groupe, originaire de Dreux.

Hatim El Asslouj, l’enfant des Bâtes démarré en bas de l’échelle, est devenu un DRH plein d’avenir dans un grand groupe américain.

C’est le récit d’une réussite semée d’embûches qu’une quinzaine de jeunes diplomés, est venue écouter, mardi après-midi, à la sous-préfecture, en présence du sous-prefet, Xavier Luquet, à l’intiative du club du mentorat, et Mina Daoudi, la bienveillante directrice de la Mission locale de Dreux qui connaît sur le bout des doigts l’histoire de chaque jeune assis autour de la table.

« Je n’ai jamais rien réussi du premier coup. J’ai raté mon Bac, j’ai dû repasser mon BTS en candidat libre. J’ai toujours dû lutter. »

HATIM EL ASSLOUJ, 30 ANS

Le DRH France d’un grand groupe américain est franc, sans fard. Il vient pourtant de faire le récit d’une ascension fulgurante.

Les débuts

Hatim El Asslouj, 30 ans, a grandi dans le quartier des Bâtes, petit dernier d’une famille nombreuse aimante où  » il fallait montrer les crocs ». C’est là qu’il puise sa force.

Après un BTS comptabilité-gestion pas à la hauteur de ses espérances, Hatim fait un choix radical : il s’engage dans l’armée et devient commandant de parachutisme pendant quatre ans.

À son retour à la vie civile, il repart de zéro : « J’ai choisi de retourner à l’école et d’avoir une licence. » Diplôme qu’il validera après un stage de RH à la mission locale de Dreux.

Après, c’est la recherche d’emploi, « beaucoup, beaucoup » de CV envoyés, peu de réponses, l’incompréhension totale… Aujourd’hui, de l’autre côté du miroir, en tant que DRH, Hâtim n’a pas oublié pour autant ces longs mois où il serre les dents en attendant une réponse  :

Quand on recherche un emploi, la seule chose que l’on a, c’est le temps, la patience, et les sacrifices qu’on est prêt à faire.

L’accélération

Hatim finit par trouver un emploi en tant qu’assistant RH dans un groupe de formation de salariés (Socotec) : « Pendant un an, j’arrive le premier, je repars le dernier. J’ai un petit salaire que j’épuise dans les trajets entre Dreux et la région parisienne. Mais ce n’est pas grave ».

Arrive un jour où il fait une rencontre surprenante  :

Un jour, au détour d’un repas, je rencontre la directrice juridique de l’entreprise. Il s’avère que son fils était dans la même chambre que moi à l’armée. Elle finance mon Master en RH.

Les promotions s’accélèrent jusqu’à atteindre un plafond :

Il faut savoir que quand vous démarrez en bas dans une entreprise, vous ne pouvez pas, même si vous arrivez à devenir directeur, obtenir le même salaire que quelqu’un recruté au même poste en externe. J’ai compris que pour progresser, il fallait que j’aille me vendre ailleurs.

Aujourd’hui, employé dans un grand groupe américain, son salaire a doublé, voire triplé.

Des jeunes diplômés captivés.

Les conseils aux jeunes diplômés

Hatim El Asslouj prend le temps de regarder avec attention les jeunes diplômés, presque un par un :

Vous êtes comme moi. Vous ne cherchez pas juste un travail. Vous voulez une carrière.

Puis le Drouais renvoie la parole aux jeunes diplômés. « Quelles raisons vous a-t-on données après un refus ? » L’écrasante majorité évoque « le manque d’expérience », plusieurs parlent de l’absence de permis de conduire :

Le problème du permis de conduire, il faut le régler. Pour une entreprise, un employé qui n’a pas le permis est un employé qui sera toujours en retard.

Un autre évoque, lui, le silence total :

« Mon entretien d’embauche se passe bien, je fais un exercice test. J’attends… Pas de réponse. Je relance… Pas de réponse. J’appelle… Pas de réponse. Puis je recroise le recruteur à un job-dating, il n’a pas eu un mot d’explication, cela m’a énervé ».

UN JEUNE DIPLÔMÉ

Hatim lui donne quelques conseils :

« Dans la recherche d’emploi, même si c’est difficile, il ne faut pas prendre les choses personnellement. Séparer ce qu’on prendrait mal dans sa vie privée et rester déterminé ».

HATIM EL ASSLOUJ

Autre question : « Qui est prêt à partir ? À faire de longs trajets ? »

Les mains nombreuses se lèvent. Mais l’une d’elles est plus hésitante. C’est une jeune maman :

« Le problème, c’est qu’avec les crèches, il faut des horaires fixes et pas après 18 heures. Comment fait-on ? »

UNE DIPLÔMÉE, JEUNE MAMAN

Évidemment, c’est un frein :  » Mais les choses évoluent. On trouve de plus en plus de crèches en entreprises », appuie Hatim.

Le mot de la fin

Une question brûle les lèvres d’une autre : « Où avez-vous puisé votre force et votre ténacité ? » La réponse fuse : « L’armée. » Pour la résistance, l’endurance, la rigueur…

« Si cela ne marche pas, ce n’est pas la faute des autres. C’est vous qui êtes aux commandes de votre vie. »

HATIM EL ASSLOUJ

Le club mentorat à Dreux, c’est quoi ?
Aider les jeunes qualifiés (diplômé au moins bac+2 de moins de 30 ans) qui ne trouvent pas d’emploi à acquérir les codes pour entrer dans le monde du travail : c’est l’objectif du club du mentorat, lancé en mars dernier par Xavier Luquet, sous-préfet de l’arrondissement de Dreux et Nicolas Alonso, délégué du préfet. Avec comme partenaire : la Mission locale, Pôle Emploi, l’Union des industries et métiers de la métallurgie et la BGE et une trentaine de chefs  d’entreprise du Drouais. Le mentorat a aussi un aspect sportif, avec des rencontres informelles autour du sport pour créer des connexions plus personnelles.

Hélène Jaffiol 

  • Date de publication :
    30/09/2022